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Carnets et itinéraires de la laine médiévale

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Le catharisme

(par Coeur de Tr'âme)

Avant de traiter l’étude sur la laine au moyen âge, sans doute est-il important de rappeler brièvement, qui étaient ces religieux cathares, les rites et doctrines qu’ils pratiquaient, la vie quotidienne qu’ils menaient au sein de la société médiévale Occitane. Bien entendu, nous aborderons de surcroît le rôle capital de cette église chrétienne divergente, au cœur de la vie publique, sociale, économique et religieuse, ainsi que sa contribution agissante dans la filière textile de cette époque. La présentation donnée ici, n’est qu’un résumé sommaire de l’histoire et la religion des cathares, quoi qu’il en soit le sujet reste vaste et complexe, en conséquence nous n’allons pas l’explorer en profondeur, car cela ne correspond pas à l’orientation de cet article.

Cependant nous nous concédons un objectif clair, celui de vous proposer une vulgarisation simple, précise et accessible de l’histoire du catharisme, tout en respectant les idées principales, mises en avant par la recherche actuelle des plus grands spécialistes en la matière. Un peu plus loin, nous citerons les noms de ces historiens et chercheurs, puisqu’ils incarnent conjointement, la globalité de nos références qui servent de fil conducteur à cet exposé.

 

Au moyen âge, à partir de l’an Mil, dans de nombreuses régions occidentales, des tendances chrétiennes différentes que celles enseignées par l’église romaine, vont apparaître, la plupart d’entre elles seront décrétées « hérétiques » par la papauté. Le soit disant hérétique oublié depuis l’antiquité tardive, se manifestait de nouveau, menaçant forcément, les dogmes d’une orthodoxie, codifiée aux conciles de Nicée en 325 et de Constantinople en 381 . Conciles qui avaient exclus, toutes les autres formes d’interprétation des écritures chrétiennes. Parmi tous ces mouvements évangéliques dissidents, dispersés dans une grande partie de l’Europe, vont surgir les bogomiles de la chrétienté grecque dans l’empire byzantin, ils sont les frères orientaux des hérétiques de l’occident appelés cathares au XIIe. En occident les appellations changent selon les régions et ceux qui les dénoncent : en Italie du Nord ils sont les  « patarins", en Champagne, les «  publicains », en Bourgogne, les «  bougres », en Flandre, les « piphles », en Rhénanie les «  Ketters » ou apôtres de Satan, en Languedoc «  ariens, tisserands ou albigeois ». Rappelons quand même que le mot hérésie provient du grec «  hairesis » signifiant choix, l’hérétique est en conséquence celui qui fait un autre choix, un choix différent. L’église romaine donnera une connotation infamante, méprisante et malsaine à ce mot, faisant de toute doctrine contraire aux dogmes établis, une hérésie, et donc un crime de lèse-majesté, sanctionné par la peine de mort.

 

Le terme cathare, a été inventé par leurs adversaires, dans une propagande dédaigneuse, arrogante de dénigrement systématique, notamment cette appellation outrageante  est utilisée au XIIe en Rhénanie (Allemagne) par le moine Eckbert de Schönau . Chez nous en Languedoc, ces désignés hérétiques se qualifiaient eux-mêmes de «  bons chrétiens et bonnes chrétiennes » ou parfois « apôtres du christ » ; les gens du peuple les appelaient « bonshommes et bonnes femmes » ou « amis de Dieu ». De temps en temps, nous retrouvons aussi le vocable « parfaits et parfaites »,utilisé par eux ou les gens du peuple, terme reprit par les inquisiteurs, désignant les hommes ou femmes cathares, revêtus du baptême d’ordination (consolamentum), « perfectus héréticus » et « perfecta hérética », selon l’expression de l’inquisition, signifiant que ceux – là étaient bien des moines et moniales ordonnés. C’est donc ce mouvement cathare qui va émerger, puis se constituer en une véritable église chrétienne structurée, organisée, avec son clergé, son unique sacrement et sa métaphysique.

 

L’origine du catharisme est à rechercher dans le christianisme primitif, du temps des premières communautés chrétiennes, ses racines principales plongent dans la tradition paléochrétienne, c’est sans doute dans certains courants de ce christianisme originel, probablement influencés par la gnose, qu’il nous faut mettre au jour quelques croyances fondamentales du catharisme. La religion cathare est bien ancrée dans la spiritualité de son époque, c’est-à-dire dans un christianisme médiéval, les cathares sont ainsi des chrétiens, se réclamant des évangiles, principalement celui de St Jean et du Christ. Ils proclament être la filiation directe des apôtres et se revendiquent leurs descendants. Le catharisme est une religion du salut, ayant pour fondement le Christ de la révélation, envoyé par Dieu, pour enseigner aux hommes cette voie qui libère du mal, afin de ne pratiquer que le bien et faire le salut de son âme. Le livre saint des cathares est l’ensemble du nouveau testament, avec une préférence pour l’évangile de St Jean ; la prière centrale du catharisme est le «  Pater Noster » qui permet de s’adresser directement à Dieu, et que seuls les baptisés du sacrement d’ordination ou d’extrême onction peuvent professer. C’est en menant une vie ascétique, exemplaire au quotidien, ayant reçu le baptême, unique sacrement de cette église, que va s’obtenir le salut.

 

 

La conception particulière de Dieu des cathares, propose alors une interprétation dualiste des écritures saintes, qui se traduit par l’existence de deux principes antagonistes, deux ordres de réalités opposés, qui sont à l’origine de deux créations, celles du bien et du mal. Ce dualisme déjà latent dans les évangiles, s’exprime par les cathares, dans la proposition d’innocenter un Dieu d’amour auquel ils croient fermement, non responsable de la création et de la manifestation du mal ; sinon il ne serait plus un Dieu d’amour. L’enseignement christique de l’église cathare est exempt d’une passion rédemptrice, d’un jugement dernier, d’une résurrection de la chair et d’un enfer éternel, le seul enfer est sur terre. Cet enseignement explique et transmet la préexistence ainsi que la transmigration des âmes, annonçant qu’à la fin des temps, toutes seront sauvées et regagneront la patrie céleste du Père. Car le Dieu des cathares est un Dieu d’amour, qui ne peut ni juger, ni violenter, ni punir sa créature, il ne peut faire le jeu du mal ; ainsi les cathares retirent l’œuvre de Dieu de ce monde soumis au pouvoir du prince des ténèbres. Le Christ avait  pour eux, le rôle essentiel de messager de la bonne nouvelle du Père, il était de nature divine, ils nient donc son humaine incarnation au nom de sa seule nature spirituelle, le Christ est celui qui libère du mal, ce credo donné dans l’unique prière cathare « le Pater Noster ».

 

L’église cathare ne possède pas de lieux de cultes, pas de monuments, pas de chasses et de reliquaires couverts de dorure et pierreries, pas de chasubles, pas de liturgie spectaculaire. Sur le modèle de l’église primitive, elle est structurée, hiérarchisée, avec à sa tête un corps clérical d’évêques, fils majeurs et fils mineurs, de diacres et mixte en ce qui concerne les bons chrétiens et bonnes chrétiennes, avec un entourage de fidèles, les croyants. Tous les membres du clergé de l’église cathare, religieux et religieuses ont fait vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, ils vivent du fruit de leur travail ouvertement dans leurs maisons communautaires, sortes de monastères sans clôture, au sein des castra ou castrum occitan , maisons qui ont de multiples fonctions ( hospices, écoles, hôpitaux, ateliers), recevant là, les miséreux, les nécessiteux, les voyageurs, les personnes âgées, les apprentis, les étudiants et les novices. Dans ces lieux, les cathares mènent au quotidien une vie exemplaire, en suivant à la lettre tous les préceptes évangéliques (ne pas juger, ne pas blasphémer, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas tuer, refus du serment, ne pas jurer), ils observaient la non – violence, l’homicide était le péché le plus grave, il était interdit ainsi que le meurtre des animaux. Dans la communauté tous les membres observaient une stricte ascèse, comprenant des restrictions alimentaires et des interdits ; ils ne consommaient pas de viande, de sous – produits animaux et de graisse animale, donc pas de lait, de beurre, de fromage, de crème, lait caillé, œufs. Seuls étaient autorisés, poissons, crustacés, céréales, pain, fruits, légumes, huile et du vin coupé d’eau. Ils faisaient maigre toute l’année, en pratiquant trois jours de jeûne par semaine (lundi, mercredi, vendredi), au pain et à l’eau ; mais aussi trois carêmes de quarante jours par an, qui rythmaient l’année liturgique, à Pâques, Pentecôte et Noël.

 

En conclusion, les cathares sont opposés à toute théocratie ou à toute religion étatique, à tout pouvoir temporel exercé par quelque institution religieuse, prétendant un contrôle, une contrainte, un pouvoir hégémonique sur une société et ses personnes. Devenir cathare et membre de son clergé, est un acte d’une foi choisie, d’un engagement consenti en son âme et conscience et non imposé par la force ou des pressions extérieures.

Pareillement l’église cathare fait œuvre de justice et de vérité, elle refuse le mal sous toutes ses formes, ne cultivent que le bien, c’est une religion de tolérance, d’amour du prochain, de bienveillance, de compassion et de charité, appliquant le partage, la solidarité, c’est une église chrétienne humaniste et non prédatrice.

Les chrétiens et chrétiennes cathares s’efforcent sur leur chemin de vie, de parvenir à un contact spirituel permanent et direct avec Dieu, en suivant l’évangile qui dit que Dieu est en chacun  d’entre nous, notre corps étant le temple du Dieu vivant.

 

Après cette brève présentation du catharisme, nous aborderons lors d’un prochain chapitre le lien qui a existé entre eux et les métiers du textile, mais avant de clôturer cette partie, voici la liste non exhaustive des plus grands spécialistes du sujet cathare, qui ont permis la composition de cet article :

Anne Brenon, Jean Duvernoy, Michel Roquebert, René Nelli, Pilar Jimenez Sanchez, Gwendoline Hancke, Hilva Hagman, José Dupré, Bertran de la Farge, Elie Griffe, Jean Louis Biget…

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